Marie-Francine, la tendre alliée de nos circonstances de vie

Près d’un mois après sa sortie le 31 Mai, le film «Marie-Francine » de Valérie Lemercier et incarnée par elle, se révèle être une bonne surprise. Un mystère déjà bien entretenu par l’affiche : un bol breton avec prénom et un regard enjoué. Une alliée « quinqua » attachée aux traditions, romantique et émouvante, à la fois.

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Affiche de « Marie-Francine » de et avec Valérie Lemercier

Marie-Francine est d’un profil intellectuel.Elle est chercheuse en bactériologie, aimée de son équipe et mène une vie paisible jusqu’à ce que son époux, Emmanuel (par Denis Podalydès de la Comédie Française) lui avoue aimer une autre femme, plus jeune.

Le décor déjà nuageux au départ, devient totalement pluvieux suite à cette révélation. L’hypocrisie règne, et l’héroïne fait face aussi bien à l’abandon humain que financier. Une situation un temps inextricable si bien qu’elle retourne vivre chez ses parents à 50 ans pour pouvoir «survivre».

Les deux parents ( incarnés par Hélène Vincent et Philippe Laudenbach) mènent quant à eux, une vie de confort dans un luxueux appartement où chacun peut mener ses activités : golf, écriture, séances d’UV ou traiteur. Le nom de Stéphane Bern, féru d’Histoire dans son émission sur le service public est régulièrement cité dans l’espoir d’un mariage entre « la culture de la solitaire et le show-biz ».

Qu’importe son âge, il semble important alors pour la réalisatrice de retrouver sa simplicité tout en essayant de s’émanciper de «l’infantilisation » des proches face aux difficultés. Il faut se démener pour chercher du travail, et ne rien cacher de son quotidien. Changer de vie si besoin.

L’ouverture d’une boutique de cigarettes électroniques est une allusion à peine voilée au cycle de l’emploi très variable aujourd’hui, ou une chercheuse peut devenir vendeuse. La nouveauté génère alors du stress et de la maladresse à travers quelques scènes cocasses. Marie-Francine qui n’a jamais fumé, ne quittera plus jamais son paquet.

Une critique acerbe de «l’ Emmanuel » manipulateur adepte du «ventre plat » et de la jeunesse sera vite éclipsée par la rencontre avec le sensible Miguel (par Patrick Timsit) cuisinier à deux pas du commerce et fumeur depuis trente-ans. Touché par sa gaucherie, il lui préparera de bons petits plats la encore dans un bol «Felix Potin », rappel de la publicité : «chez Félix Potin, on y revient » pour lui prouver son amour naissant après avoir été quitté lui aussi par sa femme.

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Miguel Marao (Patrick Timsit)

L’amour contient son lot de clichés, mais bien réels : les sms de nuit, les profils sur internet, l’échangisme. Tout ce qui fait que le 21ème siècle a accéléré les mœurs, les types de rencontres, les personnalités (dualité des sœurs entre dépressive et hyperactive) et surtout la moralité (même les parents ne sont pas à l’abri de quelques écarts).

En somme, une comédie ressemblant à une pièce de théâtre en 3 actes pour «fumeurs émotifs » : la séparation, l’acceptation, la reconstruction.(qui n’est pas sans rappeler d’autres films comme Retour chez ma Mère avec Alexandra Lamy ou Les Emotifs Anonymes avec Isabelle Carré ).

Tout comme un appel à la bienveillance en ces périodes de violences. La « recette amoureuse » doit revêtir un équilibre de températures et de saveurs : ni trop riche, ni trop acide ( un numéro sur un citron ?) l’important est de partager avec poésie et sincérité.

L’atmosphère finale plutôt enneigée catalyse les relations tendues du départ. Peut-elle prolonger une idylle indéfiniment ? Valérie Lemercier nous invite à ouvrir les yeux au quotidien. c’est en tout cas en  1h35 qu’elle nous tend la main au bout du chemin tracé par la morosité, imaginant peut-être la teneur de nos pensées à la sortie « le bonheur, ce n’est vraiment pas qu’un coup de bol alors ? , négatif chère Marie-Francine ! »

Par Pierre-Alexandre Carré (@carr_pierre64)

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